Vous vous êtes appuyé à l’origine sur les acquis programmatiques de l’étude de Xavier Lauzeral : préservation des bâtiments préexistants, 60 000 m2 de planchers…
Oui bien sûr, mais nous en avons réinterrogé certains aspects, notamment du point de vue patrimonial puisque nous privilégions l’évolution du site à un retour à l’initial. Le projet se fonde sur la conservation d’une part plus importante du patrimoine architectural et de la végétation en place, il propose surtout la transformation de sa trame d’espaces ouverts existants en espaces paysagers.
Vous considérez également le site comme un « enclos urbain » et non comme une « enclave urbaine »…
Le quartier est ceint de ses murs de pierre, mais il est traversable par les piétons et les vélos. Cet « enclos urbain » est comme une « collection d’architecture » réunie sur 3,4 hectares à peine. On y trouve des constructions emblématiques des XVIIe, XIXe et XXe siècles caractéristiques de l’architecture conventuelle puis hospitalière. La professionnalisation progressive de la médecine et de la chirurgie s’y lit d’ailleurs à livre ouvert. Cette hétérogénéité est revendiquée. Elle s’enrichira même bientôt de quelques nouveaux bâtiments, contemporains évidemment, réinterprétant la brique des bâtiments hospitaliers par un travail fin sur la matérialité et les modes constructifs.
Qu’entendez-vous par « urbanisme sobre » ?
C’est l’urbanisme sobre qui restaure, rénove (Oratoire, Robin Maison des Médecins), transforme avant tout. Le bâtiment Pinard, qui représente une structure réversible avant l’heure, est d’ailleurs en définitive sauvé plutôt que la Chaufferie dont le potentiel était plus limité. Les cours anglaises, caractéristiques de certains anciens bâtiments hospitaliers, connaîtront une nouvelle vie. Elles devraient héberger des activités artisanales, créatives, sociales, solidaires. Lelong, enfin, sera lui surélevé de quatre niveaux.
Pourquoi l’espace public a-t-il une si grande importance dans le projet Saint-Vincent-de-Paul ?
Il faut rappeler que la voirie d’origine couvre environ 30% du site. Nous la maintenons pour partie dans une boucle de circulation englobant le quartier — pour la desserte du quotidien et l’accès des secours — mais se mue globalement en un paysage à vivre. C’est une « zone de rencontre », où les voitures roulent à 20 km/h au et partagent l’espace avec les piétons et les cyclistes.
Quatre nouvelles entrées, trois piétonnes et une mixte donnent accès au quartier. Partout, le sol est largement planté et de très beaux arbres sont préservés. On rejoint la croisée centrale, un espace paysager de 4 000 m2, qui est parcouru au quotidien par les résidents et visiteurs. Le reste du temps il est dédié au repos et à la récréation.
Comment qualifieriez-vous la programmation du quartier Saint-Vincent-de-Paul ?
Sans hésitation, le quartier se veut mixte, résidentiel et tout autant lieu de destination ouvert à tous. La programmation y contribue clairement avec deux moteurs d’attractivité : un « super équipement », logé dans Pinard, dont la vocation première, scolaire et de loisirs, se redéfinira au gré des mutualisations, modulations et évolutions… et un Cinaspic en cours de programmation dans l’îlot Denfert. Des commerces, réunis cour Robin, ou plus avant dans le quartier, les rez-de-chaussée créatifs, démultiplieront les motifs de visite dans l’ambiance très particulière de Saint-Vincent-de-Paul.